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mes filles se sont données à la débauche et tous, oubliant Dieu et sa justice, trament des complots contre mon âme.

Malheur à moi, confiée aux soins d’ouvriers négligents. Hélas ! on m’a laissée à la garde de régisseurs insatiables. Mais malheur à vous aussi qui vendez et achetez les grâces du Saint-Esprit, car votre argent causera votre perte. Vous ne voulez point savoir comment se sont enrichis ceux qui vous donnent, par quels moyens ils se sont procurés leurs biens.

Ils traient le lait des brebis, tondent leur laine et la vendent ; ils les écorchent pour en vendre la peau, ils se nourrissent de leur viande, se désaltèrent de leur sang et ils vous donnent ce qu’ils ne veulent plus de cette chair et de ce sang innocent. Vous n’êtes pas des maîtres, mais des brigands, vous êtes des taupes et point des flambeaux, des imposteurs et non des pasteurs, des archibêtes et non des archevêques.

Violateurs des lois de la volonté divine, vous avez aveuglé vos amis par les biens maudits de ce monde et vous avez trompé les brebis innocentes de Jésus sous le masque de l’imposture.

Les évêques ukrainiens sur le rôle politique des cosaques.

(D’un mémorandum, adressé au gouvernement polonais en 1621)

En ce qui concerne les cosaques, on sait que ces gens chevaleresques sont de notre famille, qu’ils sont nos frères et chrétiens orthodoxes. On pense que ce sont des gens grossiers, n’ayant ni science, ni jugement et qu’ils seraient menés par le clergé. Mais nous ne les détournons pas plus de l’obéissance qui leur est propre, ni ne les faisons se soulever, que nous ne les guidons dans leurs faits et gestes. Ils possèdent un esprit naturel, une raison dont Dieu les a doués, du zèle et de l’amour pour la foi, de la piété et il est certain que les églises vivent et fleurissent au milieu d’eux depuis longtemps.

C’est cette même branche du glorieux peuple russe, de la race de Japhet, qui a combattu l’empire grec et sur terre et sur la Mer Noire. C’est une armée de ce peuple, qui dans ses monoxyles[1] voyagea sur mer et sur terre — ils adaptaient des roues à leurs barques — et prit d’assaut Constantinople, sous Oleg,

  1. Les Grecs appelaient ainsi les canots des anciens russes faits d’un seul tronc d’arbre évidé.
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