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le Grand et de ceux de la magnificence de l’église orthodoxe de l’époque. Elle s’illumina de l’éclat de l’art et de la littérature du temps d’Hilarion, de Théodose et de Nestor ; elle fit revivre des réminiscences des chroniques kiévoises et galiciennes du xie au xiiie siècles, les fondations du roi Danilo et du prince Léon. Séparer la « renaissance littéraire » du xvie siècle de la vie à Kiev et en Galicie aux xiiie et xive siècles, nous serait aussi difficile que de détacher cette dernière époque de la période « pan-russe » des deux siècles précédents. Dans les deux cas il est absolument nécessaire de connaître le passé pour se faire une idée de l’évolution organique.

Pour l’histoire de la littérature grand-russe[1], quoiqu’elle soit liée moins étroitement à la période de Kiev, personne ne songera à l’exposer en commençant par l’époque où elle devint indépendante, à partir du xive siècle, lorsque le siège métropolitain fut transporté à Vladimir de Souzdal et puis à Moscou, faisant de ces villes des foyers de vie intellectuelle. On n’en fixe point les débuts à Novgorod, à Rostov ou à Vladimir aux xie et xiie siècles, mais on prend comme point de départ la littérature de Kiev à la même époque, comme le centre autour duquel se réunissaient toutes les contrées de la « puissance russe ». Et il faut agir de même en ce qui concerne la littérature ukrainienne, avec beaucoup plus de raisons encore, puisqu’elle est plus intimement liée aux anciens monuments de Kiev, qui ont été créés en majeure partie par des forces tirées des contrées ukrainiennes et en étroite relation avec la vie de ces pays.

C’est pourquoi la présente « Anthologie » commence par des extraits des œuvres les plus importantes de la période de Kiev, quoiqu’ils soient peut-être connus du lecteur par l’histoire de la littérature russe. Nous nous bornons, d’ailleurs, à donner quelques passages peu nombreux des anciennes chroniques kiévoises, qui ont servi dans la suite de prototype à tous les ouvrages de ce genre ; ces annales ont constitué, pour ainsi

  1. Ce que l’on appelle la « littérature russe », si l’on en excepte la période russe commune de Kiev, ce n’est point une « littérature pan-russe », mais seulement une littérature « grande-russienne », qui s’est développée parallèlement à la littérature ukrainienne ou « petite-russienne ». C’est dans ce sens que s’est prononcée l’académie des sciences de Pétersbourg, dans son mémorandum de 1905, cité par M. Meillet : « Académie Impériale des Sciences sur l’abolition des restrictions de la littérature ukrainienne », 1905, édition officielle.
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