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Et cette dernière imposture se montra pire que la première, car non seulement chez les Allemands, mais aussi dans les autres contrées les rois prirent le dessus et afin de maintenir les peuples dans l’esclavage, ils érigèrent des idoles, et, détournant les hommes du Christ, ils ordonnèrent de les adorer et de se battre pour elles.

Car, quelque idole que l’on adore, c’est la même chose : quoique les Français fussent baptisés, ils estimaient moins le Christ que l’honneur national — tel était le nom de leur idole. Les Anglais adorèrent le veau d’or, les autres nations eurent aussi leurs idoles et les rois et les seigneurs les envoyaient à la tuerie pour un lopin de terre, du tabac, du thé, du vin. Et le tabac, le thé et le vin devinrent chez eux des dieux, car il est dit : « Où est votre trésor, là est votre cœur. » Le cœur d’un chrétien est avec Jésus Christ et le cœur d’un idolâtre est avec son idole. Or, comme dit l’apôtre, ils avaient fait de leur ventre leur dieu.

Et les dissidents inventèrent un nouveau dieu, plus puissant que tous les déicules et ce dieu s’appela en français l’égoïsme ou l’intérêt.

Et les philosophes se mirent à crier sur tous les toits que c’était une ignominie de croire au Fils de Dieu, qu’il n’y avait ni enfer, ni paradis et que tout le monde devait adorer l’égoïsme ou intérêt.

Or c’étaient les rois et les seigneurs, qui avaient amené tout cela, la mesure de leurs iniquités était pleine à déverser ; le Seigneur justicier tourna contre la race adultère son glaive à deux tranchants, les Français se révoltèrent et dirent : « Nous ne voulons plus de rois, ni de seigneurs, nous voulons être libres et égaux. »

Mais cela ne pouvait être, car il n’y a de liberté que là où est l’Esprit de Dieu, et l’Esprit de Dieu avait déjà été chassé de France par les rois, les marquis et les philosophes.

Et les Français tuèrent leur roi, chassèrent leurs seigneurs et eux-mêmes se mirent à s’entretuer jusqu’à ce qu’ils tombassent dans un esclavage encore pire.

Car, par leur exemple, le Seigneur voulut montrer à tous les peuples qu’il n’y avait pas de liberté sans la foi.

Et depuis ce temps-là les races romanes et germaines sont dans le trouble, elles ont rétabli les rois et les seigneurs ; elles

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