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Puis s’étaient mariés.
Ils avaient vécu pour se voir riches,
Avaient acheté leur bien, bâti un moulin,
Planté un verger dans la clairière,
Y avaient établi des ruches d’abeilles,
En un mot possédaient tout ce qu’ils désiraient.
Mais Dieu ne leur avait point accordé d’enfants
Et ils sentaient déjà la faux de la mort sur leur tête.

Qui leur donnera de la joie dans leur vieillesse
Et leur tiendra lieu d’enfant ?
Qui les pleurera, les enterrera ?
Qui fera valoir honnêtement leur bien
Dans les bonnes années
Et se souviendra d’eux, en les bénissant,
Comme leur propre lignée ?

Il est dur d’élever des enfants
Dans une cabane qui n’a pas de toit,
Mais il est bien plus malheureux de vieillir
Dans des palais dorés,
De vieillir, de mourir
Et de laisser son bien
À des étrangers, à des enfants qui ne sont pas à vous,
Pour qu’ils s’amusent et le dissipent.

II.

Et le vieux et la vieille, un dimanche,
Étaient assis tous deux devant la porte
Gentiment, en chemises blanches.
Le soleil brillait dans le ciel.
Pas un nuage, tout était tranquille,
Il faisait bon comme en paradis,
La douleur se tenait cachée au fond du cœur,
Comme un animal des bois dans un fourré sombre.

Dans un tel paradis pourquoi faut-il
Que nos vieux soient tristes ?
Est-ce quelque chagrin lointain
Qui s’est glissé dans la maison ?
Est-ce une douleur d’hier, déjà étouffée,
Qui se ravive à nouveau ?

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