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dire plus long. Ayant fini de lui attacher son mouchoir, Anastasie le signe et lui dit :

« Dieu soit avec toi, mon fils, pauvre orphelin, veuf sans avoir été marié, que la Mère de Dieu t’accorde tout ce qu’il y a de bon, mais ne nous abandonne pas… » Ayant dit ces mots, elle s’en alla pleurer sur le corps de sa fille.

Quand tout fut arrangé, les popes commencèrent la cérémonie, ils aspergèrent le cercueil d’eau bénite, les assistants y placèrent Maroussia, les demoiselles d’honneur arrangèrent ses tresses et les bouquets. Elles placèrent sur sa tête (parce qu’elle n’était pas mariée) une couronne qu’elles avaient tressée elles-mêmes d’œillets jaunes, de marguerites et d’autres fleurs.

Le bon Naoum avait peine à se tenir sur ses jambes, mais il voulut remplir les préceptes de la loi : il s’approcha du cercueil, signa Maroussia et dit : « Je te salue, Maroussia, dans ta nouvelle demeure. Dieu te l’a envoyée, reposes-y en paix. Qu’aucun méchant ne vienne y troubler tes os, ni de la main, ni de la langue ; sois calme, repose comme tu gis maintenant jusqu’au jugement dernier, lorsque tu te relèveras avec joie avec la sainte croix. »

Après cela les gens du cortège sortirent le cercueil, et derrière eux Naoum, quoiqu’il pleurât amèrement, rassembla ses forces pour prononcer encore ces paroles : « Je te dis adieu, Maroussia, au moment où tu quittes ma maison. Elle ne t’a pas abritée longtemps, mais je me suis réjoui de ta présence… Tu n’y reviendras plus jamais et plus jamais je n’aurai de joie. »

Le cortège se forma : d’abord la sainte croix et les bannières, puis le couvercle du brancard couvert du drap des morts et porté par quatre jeunes garçons comme des anges avec leurs foulards. Derrière, le couvercle du cercueil couvert d’un voile porté par quatre hommes du cortège. Les popes vont après avec leurs cierges, le diacre avec l’encensoir, puis les chantres, dont les beaux chants plaintifs vous arrachent malgré vous des larmes. Immédiatement après, marchaient deux par deux les demoiselles d’honneur, toutes en manteau, avec seulement un ruban noir dans les cheveux, sans aucun ornement et dans la main de chacune d’elles brûlait une chandelle verte. Elles étaient suivies de celle qui portait l’épée, ensuite les marieuses, le premier et le deuxième garçon d’honneur, puis enfin les gens du cortège portaient le cercueil sur le brancard des morts. Et Basile, en sa qualité de fiancé, marchait du côté droit : à peine

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