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Voyages

moins un peu trop graves, elles répandent dans l’esprit un certain air sérieux qui n’est point fait pour les matières que je veux traiter avec vous. Souffrez, milord, que je vous demande des nouvelles de vos amours avec la charmante Nardillac. J’allois vous en parler, repris-je, & vous entretenir de mes plaisirs & de ma bonne fortune : je quitte cette belle dans l’instant, elle m’a prié de venir souper avec elle, je crois que je ne puis m’en dispenser ; j’attends ici Zachiel pour le prier de m’y accompagner. Que vous êtes enfant, dit Monime ! n’y sauriez-vous aller seul ? Je crois que ce seroit très-mal faire votre cour d’y mener quelqu’un ; soyez persuadé qu’elle ne veut d’autre tiers que l’amour : mais comme j'ai retenu ce dieu la première, c’est chez moi qu’il doit présider au souper, & Zachiel sera le quatrième ; vous aurez beau vous en défendre, c’est une affaire résolue. En vérité, repris-je en riant, ce seroit me faire un tour perfide ; comment oserai-je me présenter devant cette belle ? Demain à sa toilette, dit Monime, vous pourrez facilement obtenir le pardon de cette faute, en lui disant qu’on vous a fait violence, & que vous n’avez pu vous débarrasser de l’incommode Thaymuras.

Zachiel qui parut dans l’instant, voulut bien se prêter aux plaisanteries de Monime, qui continua de me badiner sur la bonne fortune qu’elle me

faisoit