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de Milord Céton.

entrés que vous voulez déjà vous asseoir ? Il le faut bien, dit Monime, pour entendre. Quoi entendre, reprit Damon ? Les conversations de toutes ces dames ? Mais vous avez raison ; elles sont quelquefois assez plaisantes, toujours spirituelles, sémillantes, badines ; elles électrisent les personnes les plus sottes & en tirent souvent des étincelles : on y apprend les nouvelles les plus intéressantes. Au surplus, ce n’est que de l’heureux contraste de la façon d’agir avec celle de penser, que naissent ces saillies pétillantes, ces écarts lumineux & cette ivresse de sentiment.

Damon, après cette tirade de bel-esprit, se mit à critiquer toutes les personnes qui passèrent devant nous ; nul ne put échapper à sa satyre : il eut le secret de leur prêter à tous des ridicules, nous apprit leurs aventures, & en moins d’une heure nous fûmes instruits de toute la chronique de la cour & de la ville. Je vous quitte pour un instant, nous dit-il en s’interrompant au milieu d’une phrase ; j’aperçois Faustine, il faut que je lui parle. Elle fut hier présente à une scène qui se passa chez le comte de Merluche, où elle s’est trouvée supérieurement intriguée. Nous le vîmes joindre à l’instant quantité de personnes, dont il venait de déchirer impitoyablement la répu-