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Voyages

Aricdef fit rebrousser chemin à ses troupes ; & pour leur donner le tems de se reposer, s’empara d’un poste avantageux, distribua son armée dans différens endroits, d’où il lui étoit facile de les rallier, afin d’attirer l’ennemi en des lieux dévastés, de lui fermer les passages & d’être à portée de lui enlever tous les convois qui viendroient. Ces pays inondés de sang par les ravages de la guerre, offroient par-tout un spectacle effrayant de la barbarie de Tracius. Il étoit impossible que cette multitude de troupes mal aguerries pût long-tems résister contre une armée de vainqueurs.

Les Saliens donnèrent dans le piége qu’Aricdef leur avoit tendu, & se trouvèrent enfermés malgré le nombre de leurs troupes. Le général des Arciens qui s’apperçut de la faute qu’ils avoient faite, harangue ses soldats : il étoit éloquent, connoissoit les hommes, savoit saisir leur foible & les maîtriser, en se pliant d’abord à leurs goûts, en les étudiant avec adresse, se composant avec art sur les divers mouvemens qu’il remarquoit se passer dans leur ame.

Ce général sut si bien profiter de ses lumières, qu’il fit voir à ses troupes que les Saliens ne seroient vaincus que par eux-mêmes & par l’ignorance de leurs capitaines, qui n’avoient