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de Milord Céton.

lui tout languiroit dans la grande île ; celle-ci leur sert comme de collège ou d’université, où ils viennent prendre leurs grades, pour être reçus & acquérir dans la galanterie quelque poste important.

Arrivés enfin dans cette grande île, nous y fûmes assaillis par une troupe d’aventuriers, que des vents orageux y avoient fait échouer ; l’incertitude étoit à leur tête, & n’avoit point d’autre emploi que celui de faire flotter le cœur des citoyens, afin de les empêcher de se déterminer à quelque chose d’utile à leur bonheur : l’opinion, qui vouloit à son tour les entraîner dans son parti, ne leur faisoit estimer que ce qui étoit digne de mépris ; la crédulité cherchoit à les tromper ; la nouveauté venoit ensuite leur faire adopter mille puérilités, & se repaître de chimères qui n’ont pas le sens commun ; la réflexion, d’un air grave & sérieux, leur présentoit des remords, qui sans cesse les tourmentoient ; l’inconstance souffloit autour d’eux, pour les faire aller comme des girouettes ; la flatterie cherchoit à les endormir par un dangereux poison ; la curiosité se montroit comme un aigle prêt à fendre les airs, afin d’exciter en eux mille desirs qu’ils ne pouvoient satisfaire ; l’imposture n’étoit appliquée qu’à les tromper ; la présomption les attiroit,