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Voyages

pondirent avec beaucoup de bon sens aux discours du génie qui avoit bien voulu descendre à la portée de leur esprit & à la simplicité de leur façon. J’admirai leur beauté & leur simple parure qui n’ôtoit rien de l’éclat de leur teint, qui, sans le secours de l’art, efface les lis & les roses ; les graces naïves plus touchantes encore que la beauté, sont répandues dans toute leur personne.

Les bergers occupés du soin de veiller sur leurs troupeaux s’amusent à instruire leurs chiens. Souvent un berger prend sa musette pour divertir sa bergère, en lui chantant les plaisirs innocens de la vie champêtre ; s’il la quitte, c’est pour visiter ses guérets & ses prairies, ou pour cueillir des fleurs dont il forme des guirlandes avec une couronne pour orner sa maîtresse qui, contente de ce présent, lui en accorde la récompense par un baiser qu’elle laisse prendre sans résistance. C’est ainsi qu’il voit approcher le coucher du soleil qui lui annonce l’heure du souper, & l’exercice de la journée le prépare à trouver excellent le repas frugal qu’on lui a apprêté dans des vases d’argille. Telle est la vie unie des habitans de cette île, plus heureux mille fois que tous les grands, qui, à force de philosopher sur les moyens d’arriver au bonheur en