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de Milord Céton.

s’évanouirent, semblables à ces nuages qui présentent aux regards des formes agréables & variées ; & qu’on voit se fondre, se dissiper & disparoître s’il survient un vent impétueux. Ce prince en approchant de l’appartement de Taymuras, effrayé d’abord des cris qu’il entend, précipite ses pas, il entre ; à son aspect tous les cœurs sont saisis, les cris cessent, la douleur en devient plus vive, un morne silence s’empare de tous les esprits, on s’écarte pour lui faire place ; son ame déjà émue par ce qu’il voit, semble lui annoncer son malheur ; tous ses sens s’agitent, & ses yeux errant de toutes parts ne rencontrent que l’image de la douleur : mais quel fut son désespoir, lorsqu’enfin il apperçut ce corps qu’il idolâtroit, étendu sur un lit sans aucun mouvement. À cette vue il s’arrête quelques instans, comme s’il eût été pétrifié ; se précipite ensuite dessus, pensant sans doute la ranimer par le feu qui le dévore, lui dit les choses du monde les plus tendres & les plus touchantes. Lorsqu’il voit que tous ses efforts sont vains, & qu’il n’y a plus d’espérances de la rappeller à la vie, hélas ! s’écrie-t-il dans l’affreuse douleur qui le déchire, est-il dans le monde un mortel dont le sort ressemble au mien ? Faut-il que tant de tourmens m’accablent à la fois ? Je