Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 17.djvu/396

Cette page a été validée par deux contributeurs.
370
Voyage

afin de rappeller ses esprits. Monime étoit disparue ; rien ne put la rappeller dans ce corps qu’elle venoit d’abandonner. Hélas ! que serois-je devenu moi-même, si c’eût été l’usage de ce monde de se servir de vinaigre ; c’étoit fait de mon pauvre petit individu.

Cependant j’eus encore assez de force pour me retirer presqu’à la nage & gagner le bras d’un fauteuil, où j’eus le tems de me fortifier, & de rappeller ma raison par de sérieuses réflexions. Plus tranquille alors, je me ressouvins de la promesse du génie, & je ne doutai point que Monime n’eût quitté cette jolie enveloppe qu’elle avoit animée, pour reprendre la figure de mouche ; cette idée changea tout à coup ma douleur en une joie inexprimable.

Je ne m’étendrai point sur tout ce qui se passa à la prétendue mort de Monime, du moins à sa séparation d’un corps qui sembloit n’avoir été formé que pour faire les délices de celui qui auroit su la rendre sensible ; je ne peindrai point le désespoir de ses femmes, qui par leur désolation & leurs cris attirèrent nombre de personnes dans son appartement.

Le prince Pétulant, plein de son amour, s’avançoit dans l’espoir de recueillir le fruit de sa tendresse, & de se voir au comble de la félicité la plus parfaite ; mais ses espérances,