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de Milord Céton.

se trouvent englouties dans l’arrêt foudroyant que porte contr’elles le jaloux sénat.

Je suis toujours étonné que les femmes ne se soient point encore liguées entr’elles, qu’elles n’aient pas imaginé de former un corps à part, afin de pouvoir se venger des injustices que leur font les hommes : que ne puis-je vivre assez long-tems pour leur voir faire cet heureux usage de leur courage ! Mais jusqu’à présent elles ont été trop coquettes & trop dissipées pour s’occuper sérieusement des intérêts de leur sexe. J’ai remarqué dans presque tous les mondes que ce n’est que l’amour propre & la vanité qui les enchaînent ; l’intérêt personnel vient au secours d’un cœur déjà séduit par l’appât du plaisir qu’elles se promettent, & qui souvent ne gît que dans leur imagination ; ce sont sans doute ces raisons qui les empêchent de faire corps, & ce qui fait qu’elles abandonnent la cause commune.

Chez les Idaliens la loi est égale ; & l’amour, loin d’y être un supplice, ne sert qu’à assurer leur bonheur. Un homme qui oseroit se vanter dans cet empire d’avoir toujours été insensible, y seroit regardé comme un stupide ou un automate, on tâcheroit même d’en purger le pays afin d’éviter le scandale de leur conduite.