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de Milord Céton.

par un agréable murmure ; des cygnes plus blancs que la neige planoient majestueusement sur ce crystal liquide.

C’étoit au mois d’avril, tems consacré dans cet empire aux réjouissances publiques, parce que cette saison ranimant toute la nature, fait renaître les plaisirs comme les fleurs. L’air doux & tempéré qui regne alors dans ce monde, inspire aux Idaliens une humeur folâtre & enjouée, qui les attire sur les bords du canal qui forme une promenade délicieuse. Nous en vîmes arriver de tous côtés, & je remarquai que les hommes & les femmes étoient uniquement occupés de leurs parures, de leur beauté & de leurs graces : la joie & les plaisirs éclatoient également sur leur visage, mais leur air est trop affecté ; on n’y remarque point cette noble simplicité, ni cette pudeur aimable qui fait le plus grand charme de la beauté, & qui seul peut fixer un cœur droit : l’air de molesse, l’art de composer leur figure, leurs vaines parures, leurs regards hardis qu’elles s’efforcent quelquefois de rendre languissans en recherchant ceux des hommes ; en un mot, tout ce que je vis d’abord dans leur maintien me parut vil & méprisable.

Le génie me dit que dans ce monde le libertinage rend les hommes & les femmes il-