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de Milord Céton.

d’argent. Comme monsieur & madame venoient de visiter leur cave, & qu’en effet ils avoient trouvé la pièce du milieu retournée, ils ne firent nulle difficulté de me lâcher les cent treize pièces que demandoit l’esprit : j’en eus même une couple à compte sur la fortune qu’on m’avoit promise.

M. Oronte ne me voyant point revenir, vint me trouver. Ah ! mon cher monsieur, lui dis-je en pleurant, le diable est bien menteur ; il m’accuse de lui avoir volé la moitié de la somme que vous avez donnée pour lui remettre, & soutient que c’est deux cens vingt-sept livres qu’il m’a demandées. Je lui montrai un vieux habit tout en lambeaux : tenez, monsieur, lui dis-je, voilà comme il m’a accommodé ; je suis encore tout meurtri de ses coups, & si vous n’avez la bonté d’ajouter ce qu’il demande, ma vie n’est pas en sûreté, & vous courez grand risque de n’avoir jamais le trésor, dans lequel je puis vous assurer qu’il y a plusieurs millions : quel préjudice cela peut-il vous faire ? Monsieur Oronte sortit sans me rien dire, pour aller consulter sa femme ; mais lorsqu’il lui eut dit que je l’avois assuré qu’il y avoit plusieurs millions, elle décida qu’il ne falloit rien épargner pour s’en rendre les maîtres, & je fus averti de venir prendre ce que j’avois demandé.