Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 17.djvu/209

Cette page a été validée par deux contributeurs.
184
Voyage

leur conduite que des sermens violés, de fausses protestations, où l’honneur est toujours compromis : l’orgueil & l’intérêt sont les seuls ressorts qui les font mouvoir, parce qu’il n’y a que l’opulence qui puisse obtenir des égards ; tandis que le vrai mérite est méprisé, lorsqu’il ne paroît accompagné que de l’indigence.

Demandez à un Cillénien ce qu’il faut pour le rendre heureux ; il vous répondra qu’on ne peut l’être sans posséder de gros revenus, de beaux châteaux, de superbes ameublemens, un carrosse bien doré, des chevaux fringans, une table servie en mets délicats & vins fumeux, des amis enjoués, grands soupers avec des filles de théâtre ; mais ils se garderont bien de parler de probité, de mœurs, de modération, de justice & de bonne-foi à remplir ses engagemens. Accoutumnés à en manquer dans toutes les occasions, ils regardent ces vertus comme des êtres d’imagination.

Nous fûmes curieux, Monime & moi, de visiter leurs ports : nous en vîmes de fort avantageux par rapport à l’asyle qu’y trouvent les vaisseaux obligés de relâcher, soit qu’ils fassent de l’eau, qu’ils manquent de vivres, ou qu’ils aient été démâtés ou incommodés par quelque coup de vent.

Ces ports sont précédés de grandes & belles