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Voyages

nous ne rencontrâmes d’abord que de misérables villages, dont les maisons couvertes de chaume & à demi-ruinées, n’offroient à nos yeux que d’affreuses tanières, plus propres à servir de retraites aux animaux sauvages, que ce logement à des êtres raisonnables : une multitude de personnes, de l’un & de l’autre sexe, portoient le sceau de l’indigence imprimé sur leur physionomie. Les haillons dont ils étoient couverts, leurs visages pâles & décharnés, leurs démarches tristes & languissantes, le silence farouche qu’ils gardaient, tout annonçait en eux des êtres flétris par le désespoir, & languissans sous le fardeau des besoins : des hommes sans vigueur suivaient tristement des vieillards épuisés : venoient ensuite des femmes entourées de plusieurs enfans, qu’elles traînoient avec peine ; elles ne paroissoient occupées que des moyens qu’elles pouvaient employer pour appaiser leur faim : ces pauvres malheureux sembloient regretter intérieurement le tems où leur lait suffisoit à leur subsistance, & où ils trouvoient dans leur sein la nourriture qu’on refusoit à leurs cris ; & ces pauvres petits individus, qui à peine commençoient à vivre, n’avoient déjà que trop vécu.

Monime & moi ne pûmes envisager ces mi-