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de Milord Céton.

cipale étude étoit la science du gouvernement. Cet homme, renfermé dans son nouveau systême, se croyoit le seul citoyen en état de découvrir les causes de toutes les maladies d’un royaume, & le seul qui pût trouver les remèdes propres à le guérir : il prétendoit que le corps naturel & le corps politique ont entre eux une parfaite analogie ; qu’on peut traiter l’un & l’autre avec les mêmes remèdes.

Voici la méthode qu’il se proposoit, d’employer. Il faut remarquer, nous dit-il, messieurs, que ceux qui sont à la tête du gouvernement ont toujours les humeurs beaucoup plus âcres que les autres ; ce qui leur cause souvent des obstructions au cœur, leur affoiblit la tête, rend leur esprit débile, leur occasionne de fréquentes convulsions, suivies d’une faim canine, qui doit nécessairement leur causer des indigestions, jointes à une contention de nerfs dans tous leurs membres, qui les met continuellement en mouvement. Or, pour remédier à tous ces maux, je prétends leur donner des remèdes astringens, palliatifs, laxatifs, & les réitérer à chacune de leur assemblée. Ce n’est que par ce moyen qu’on peut amener l’unanimité des voix, concilier les différens avis, rendre la parole aux muets, fermer la bouche aux déclamateurs, calmer l’impétuosité des jeunes visirs, réchauffer &