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de Milord Céton.

le sait mieux que moi, dit Cornalise, car il m’en arrive souvent : je suis si vive, que la plupart du tems je ne sais ce que je fais. En disant cela, pour donner un échantillon de sa vivacité, elle fit un mouvement sur sa chaise qui pensa la culbuter, & fit échapper au maître-d’hôtel un plat qu’il alloit poser sur la table, qui fut entièrement renversé sur sa robe. Bon, dit Cornalise, voilà encore de mes étourderies.

À ce propos, j’eus toutes les peines du monde à m’empêcher de rire. Je me levai avec empressement pour essuyer sa jupe. Fi donc, dit l’enfantine Cornalise, ne prenez pas cette peine ; c’est une misère qui fera le profit de mes femmes : je puis vous assurer qu’elles ne seront point fâchées de l’aventure, quoiqu’elles en aient souvent de pareilles. Vous ne me connoissez pas ; je suis si folle que je déchire, j’arrache & m’accroche par-tout. Monsieur le vidame est quelquefois outré contre ma vivacité. Il est vrai que je ne sais ce que je fais ; tantôt je perds ma boëte, tantôt mon miroir de poche ; une autrefois, un de mes diamans ; enfin tous mes bijoux s’égarent, & mes gens ne sont occupés qu’à chercher : cela leur donne de l’humeur ; ils prennent souvent la liberté de me quereller ; j’en ris ; cela me réjouit beau-