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de Robinson Crusoé.

tremarée, par laquelle j’avois été délivré du plus grand danger que je courus de ma vie.

C’est ainsi que ce qui cause la délivrance de l’un est la destruction de l’autre ; car il semble que ces gens n’ayant aucune connoissance de ces rochers entierement cachés sous l’eau, y avoient découvert l’île, ce qu’apparemment ils ne firent point, ils auroient sans doute tâché de se sauver à terre dans leur chaloupe ; mais les coups de canon qu’ils avoient donnés en voyant mon feu, firent naître un grand nombre de différentes pensées dans mon imagination : tantôt je croyois qu’appercevant cette lumière, ils s’étoient mis dans leur chaloupe, pour gagner le rivage ; mais que les ondes extrêmement agités, les avoient emportés. Tantôt je m’imaginois qu’ils avoient commencé par perdre leur chaloupe ; ce qui arrive souvent quand les flots entrant dans le vaisseau, forcent les matelots à mettre la chaloupe en pièces, ou à la jeter dans la mer. D’autres fois je trouvois vraisemblable que les vaisseaux qui alloient avec celui-ci de conserve, avertis par ces signaux, en avoient sauvé l’équipage. Dans d’autres momens je pensois qu’ils étoient entrés dans la chaloupe tous ensemble, & que les courans les avoient emportés dans le vaste