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de Robinson Crusoé.

quable dans les dernières années de ma vie solitaire dans cette isle ; comme le lecteur le verra bientôt.

C’étoit dans le mois de Décembre, le tems ordinaire de ma moisson, qui m’obligeoit à être presque les jours entiers en campagne, que sortant du matin, un peu avant le lever du soleil, je fus surpris par la vue d’une lumière sur le rivage, à une grande demi-lieue de moi. Ce n’étoit pas du côté où j’avois observé que les sauvages abordoient d’ordinaire ; je vis avec la dernière douleur que c’étoit du côté de mon habitation.

La peur d’être surpris me fit entrer bien vîte dans ma grotte, où j’avois beaucoup de peine à me croire en sûreté, parce que mon grains à moitié coupé pouvoit découvrir aux sauvages que l’île étoit habités, & les porter à me chercher par-tout jusqu’à ce qu’ils m’eussent déterré.

Dans cette appréhension, je retournai vers mon château, & ayant retiré l’échelle après moi, je me préparois à la défense ; je chargeai tous mes pistolets aussi-bien que l’artillerie que j’avois placée dans mon nouveau retranchement, résolu de me battre jusqu’à mon dernier soupir, sans oublier d’implorer la protection divine, & dans cette posture j’attendis l’ennemi pendant deux heures, fort impatient de savoir ce qui se passoit dehors.