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de Robinson Crusoé.

seule y avoit travaillé, sans aucun secours de l’industrie humaine. Je découvris dans l’enfoncement une seconde ouverture, mais si basse qu’il étoit impossible d’y entrer qu’à quatre pieds ; ce que je différai jusqu’à ce que je pusse tenter l’aventure, muni de chandelle & d’un fusil à faire du feu. J’y revins le jour d’après avec une provision de six grosses chandelles que j’avois faites de graisse de chèvre ; & après avoir rampé par cette ouverture étroite l’espace de dix aunes, je me vis beaucoup plus au large. Je me trouvai sous une voûte élevée à-peu-près à la hauteur de vingt pieds, & je puis protester que dans toute l’île il n’y avoit rien de si beau & de si digne d’être considéré que ce souterrain ; la lumière des deux chandelles que j’avois allumées, étoit réfléchie de plus de cent mille manières, par les muralles qui étoient alentour. Je ne saurois dire ce qui étoit la cause d’un objet si brillant ; si c’étoient des diamans, d’autres pierres précieuses, ou bien de l’or ; le dernier me paroît le plus vraisemblable.

En un mot, c’étoit la plus charmante grotte qu’on puisse imaginer ; quoique parfaitement obscure, le fond en étoit uni & sec, couvert d’un gravier fin & délié, on n’y voyoit aucune trace de quelqu’animal venimeux ; aucune vapeur, aucune humidité ne paroissoit sur les murailles.

Le seul désagrément qu’il y avoit, c’étoit la