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quinze-jours, est un cadre dans lequel elle n’a fait que développer des scènes, des idées et des sentimens sur lesquels elle avoit beaucoup réfléchi à l’avance. Les masses principales, les détails même existoient dans sa tête ; il ne s’agissoit plus que de les adapter à un plan donné. Malvina lui a coûté deux ans de travail[1] ; Amélie Mansfield, sujet plus dificile à traiter, et dont elle s’occupoit depuis plusieurs années, n’a été publiée qu’en 1802 ; trois ans entiers ont été consacrés à la composition de Mathilde[2], et nous n’avons eu Elisabeth qu’en 1866. On voit donc que madame Cottin, loin d’abuser de son extrême facilité, sacrifioit à ses ouvrages tout le temps nécessaire, et qu’elle ne les livroit au public qu’après avoir fait tout ce qui dépendoit d’elle pour leur perfection.

Ses premiers romans ont été publiés sans nom d’auteur ; elle écrivoit pour satisfaire son goût, pour épancher les sentimens qui remplissoient sou ame, et non pour obtenir une célébrité que sa modestie redoutoit. Lorsque plusieurs succès eurent trahi l’incognito qu’elle avoit d’abord résolu de garder, elle regrettoit sincèrement le temps où, ignorée du public, son existence se renfermoit dans sa famille et dans le cercle de ses amis. Loin de se montrer rebelle ou sensible

  1. Ce roman a été publié en 1800.
  2. La première édition de Mathilde a paru en 1808.