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d’une circonstance qui gâte le dénouement. Que madame Cottin ait cru devoir rendre Claire coupable, peut-être cette combinaison entroit-elle nécessairement dans le plan qu’elle avoit conçu ; peut-être étoit-il bon de montrer que la vertu ne suffit pas toujours pour échapper au danger, qu’il ne faut pas avoir trop de confiance dans ses propres forces, et que l’on n’est plus maître de soi, si l’on ne résiste pas aux premières impressions. Tel paroît avoir été le but moral de l’auteur. Claire joue, pour ainsi dire, avec la passion naissante de Frédéric, quand elle en aperçoit les premiers symptômes ; elle est certaine de ne jamais la partager, elle ne se met point en garde contre sa propre foiblesse ; elle cherche à s’abuser sur la nature des sentimens qu’elle éprouve ; et, lorsque descendant enfin dans son cœur, elle y trouve une passion que la vertu condamne, elle se croit assez de force pour la vaincre. Mais il n’est plus temps, son bonheur est détruit pour toujours, elle est entraînée malgré elle ; toutes ses précautions sont vaines, elle finit par succomber.

Mais ne pouvoit-on choisir un autre lieu : que le tombeau de son père pour la rendre coupable ? Comment madame Cottin, qui possédoit à un si haut degré le sentiment des convenances, n’a-t-elle pas repoussé une pareille idée ? Je sais qu’elle étoit fort jeune quand elle composa ce premier