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jouissances de Claire avant l’arrivée de Frédéric. Lorsque M. d’Albe annonce le projet de faire. venir le jeune homme, auquel il tient lieu de père, sa jeune épouse commence à sentir l’isolement de son cœur ; elle est tourmentée par ces idées vagues qui presque toujours précèdent ’Les grandes passions, et qui montrent qu’une ame est susceptible de les éprouver. Ainsi dès l’exposition on entrevoit les combats que la vertu de Claire aura à soutenir.

Il seroit difficile de mieux peindre les premiers mois du séjour de Frédéric chez M. d’Albe. Claire s’amuse de sa franchise, qui tient un peu de la rudesse : elle provoque ses brusqueries ; Frédéric ne cherche point à lui plaire, mais il se sent en- traîné près d’elle par un attrait irrésistible ; ils s’aiment tous les deux, et Claire croit à peine avoir de l’amitié pour lui ; Frédéric ne voit en elle qu’un être parfait, tous ses désirs se bornent à trouver une femme qui lui ressemble. Cette situation, prolongée et variée dans ses gradations, est traitée avec goût et délicatesse ; elle est embellie par des détails charmans.

Mais il falloit déchirer le voile. Claire est si loin de penser qu’elle aime Frédéric, qu’elle propose elle-même à M. d’Albe de le marier. On fait rencontrer le jeune homme avec une demoiselle dont l’esprit, les grâces et la beauté séduisent à la première vue, mais qui ne possède que des