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temps de s’occuper des ouvrages d’imagination ; tout entières au soin de former des hommes, elles doivent laisser à d’autres celui de les amuser, et sentir que la même main qui jette une statue de bronze, ne doit pas jouer avec des pompons ».

Il est aisé de reconnoître que mistriss Clare n’est là que l’interprète des sentimens de madame Cottin, qui a voulu peindre sa propre situation,’ saufles différences quelerang qu’elle occupoit dans le monde mettoient entre elle et ce personnage de roman. Je dois même faire remarquer un point de ressemblance, trop honorable à madame Cottin, pour être passé sous silerice. Mistriss Clare publioit ses ouvrages pour soutenir sa sœur ; madame Cottin, quoiqu’elle eût perdu la presque totalité de son immense fortune, jouissoit d’un revenu suffisant vu la simplicité de ses goûts. Mais il ne lui étoit plus possible, comme auparavant, de venir au secours des malheureux, et elle se trouvoit ainsi privée de l’une de ses plus douces jouissances. Le produit de ses ouvrages y suppléoit : il étoit entièrement consacré à des actes de bienfaisance ; le prix même qu’elle reçut de Malvina, fut employé à sauver un de ses amis qui venoit d’être proscri et qui mandquoit d’argent pour sortir de France. Ainsi, ce qu’elle présentoit comme un devoir de famille chez mistriss Clare, étoit chez elle un besoin de charité et de bienfaisance, et sa modestie ne vouloit pas même