Page:Anonyme - Notice sur la vie et les ecrits de madame Cottin.djvu/21

Cette page n’a pas encore été corrigée

n’ayant ni profondeur dans leurs aperçus, ni suite dans leurs idées, ne peuvent avoir de génie. On a beau rejeter cette vérité démontrée par les faits, sur.le genre de leur éducation, on a tort ; car, combien n’a-t-on pas vu d’hommes nés de parens misérables, dela plus basse extraction ; entourés de préjugés, sans ressources, sans moyens, plus ignorans que la plupart des femmes, s’élever eux-mêmes, par la force de leur génie, du sein de l’obscurité jusqu’à la palme de la gloire, éclairer leur siècle, et percer jusque dans l’immense avenir : nulle femme, que je sache, n’a encore fait ce chemin. — Mais, reprit Malvina, du moment que les femmes ne peuvent prendre la plume que pour mpntrer leur insuffisance, ne vaudroit-il pas mieux qu’elles ne s’en servissent jamais, et qu’elles se consacrassent uniquement aux soins et aux devoirs de leur sexe ? — Assurément, répliqua mistriss Clare ; mais prenez bien garde que je ne permets d’écrire qu’à celles qui se trouvent dans ma situation, et c’est le très-petit nombre. Les épouses, les mères de famille composent la plus grande partie de notre sexe ; l’importance de leurs devoirs ne leur laisse pas le

    vaut le mieux ; pour moi, je pense que les femmes peuvent se contenter du leur ; aussi Champfort a-t-il dit quelque part : « Qu’il semble que, dans le partage des deux sexes, les femmes eurent une case de moins dans la tête, et une fibre de plus dans le cœur ». (Note de madame Cottin.)