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commencent à les lire à quinze ans, elles les réalisent à vingt, et n’ont rien de mieux à faire que d’en écrire à trente : de plus, je crois qu’à d’exception de quelques grands écrivains qui se sont distingués dans ce genre, elles y sont plus propres que personne ; car, sans doute, c’est à elles qu’appartient de saisir toutes les nuances d’un sentiment qui est l’histoire de leur vie, tandis qu’il est à peine l’épisode de celle des hommes. — Ainsi, reprit Malvina, vous bornez nos talens À savoir peindre : la tendresse, et vous ne nous croyez pas faites pour aller plus loin ? — Peut-être pourra-t-il y avoir des exceptions un jour, reprit mistriss Clare ; il seroit téméraire de poser des bornes à notre intelligence, mais, jusqu’à — présent, je n’en ai connu aucune[1]. Les femmes

  1. « Non, aucune, pas même cette Sapho toujours citée par les défenseurs de la gloire littéraire de notre sexe ; car, lors même qu’elle ne devroit pas sa célébrité autant aux malheurs de sa passion qu’à l’éclat de ses talens, il n’en résulteroit pas moins « que ses talens se sont bornés à peindre avec chaleur ce qu’elle éprouvoit, et certes, je suis loin de refuser-celui-là aux femmes ; mais qu’on m’en cite une qui ait tracé un ouvrage philosophique, une pièce de théâtre, enfin, une de ces productions vastes qui demandent une méditation longue et réfléchie, et qui puisse se mettre au niveau de-celles de nos littérateurs de la seconde classe ? je me tairai, et je conviendrai que cette femme peut ressembler aux hommes ; et j’en serai bien fâchée pour elle, parce que, selon moi, elle aura beaucoup perdu ; car il na toujours semblé que l’équitable nature, en dispensant ses dons entre les deux sexes, avoit tout fait pour l’esprit de l’un, et ont pour le cœur de l’autre ; c’est à savoir lequel des deux lois