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gence : d’ailleurs, en se livrant ainsi au public, ce n’est pas seulement le livre, mais l’auteur qu’on lui soumet. Si une femme dit les foiblesses de son sexe, on les lui attribuer ; si elle en peint les, vertus, on la taxera d’orgueil ; on croira toujours qu’elle puise le développement des passions daus son cœur, et celui des situations dans sa mémoire. Combien une femme court de risques dans cette carrière, et qu’il lui faut de témérité pour oser s’y hasarder ! — Ah ! mon Dieu ! s’écria Malvina, vous paroissez si bien en sentir tous les dangers, que je ne vous demande plus la cause qui a dû vous y entraîner ; elle doit être si puissante, que je croirois commettre une indiscrétion en vous demandant de me la révéler. — Je vous sais bon gré de votre réserve, reprit mistriss Clare ; elle nie met à mon aise, car je vois que je m’étois trop avancée, en m’engageant à expliquer le motif de ma conduite ; il tient à un secret si essentiel, si important, que le monde entier, que mon père même l’ignore…… — Hé bien, qu’il n’en soit plus question, chère mistriss Clare, interrompit Malvina, et dites-moi seulement pourquoi, au lieu de vous borner aux romans, vous n’exercez pas votre plume sur des sujets plus utiles ? — Celui-là seul convient à mon esprit, réplique mistriss Clare ; je n’ai point ce qu’il faut pour aller au-delà : d’ailleurs, je crois que les romans sont le domaine des femmes ; elles