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du monde et de ses plaisirs, jamais ils n’occupent un seul de mes momens, et ma solitude, ouverte à peu d’amis, n’est jamais troublée par aucun importun : il a donc fallu me suffire à moi-même, et trouver le moyen d’abréger, par diverses occupations, des journées dont l’oisiveté m’eût fait un fardeau. Passant alternativement des arts aux soins domestiques, des plaisirs champêtres aux lectures sérieuses, je n’ai pas cru plus mal faire en écrivant quelques pages qui plaisoient à mon imagination, qu’en chantant quelques-ariettes, ou en peignant quelques tableaux. Je vous l’avoue, d’ailleurs, ce nouveau genre d’occupation m’a séduite ; il m’étoit doux de retrouver sous ma plume les chimères dont j’avois en vain cherché la réalité dans le monde, et si je me suis livrée à mon goût, c’est en me rendant le témoignage qu’en le satisfaisant je ne nuisois à personne. En effet, qu’une femme écrive un roman, apprenne une science, ou travaille à l’aiguille, cela est fort égal, pourvu qu’elle reste dans son obscurité ; ce n’est pas le genre de ses occupations, mais l’usage qu’elle en fait, qu’on doit censurer : qu’elle amuse ses amis d’une historiette sortie en jouant de sa plume, personne n’a rien à lui dire si elle en reste là ; mais en la faisant imprimer, elle semble avouer le prix qu’elle y attache, et de ce moment la critique doit s’attacher avec sévérité à ce que l’amitié eût traité avec indul-