Page:Anonyme - Notice sur la vie et les ecrits de madame Cottin.djvu/17

Cette page n’a pas encore été corrigée

citera ici quelques fragmens du chapitre supprimé.

Mistriss Clare n’ayant pas une fortune considérable, et se trouvant obligée de pourvoir sécrètement aux besoins d’une sœur, malheureuse victime de la séduction, a cherché des ressources dans la publication de quelques romans. On la blâme : une femme, dit-on, qui se jette dans cette carrière, ne sera jamais qu’une pédante ou un bel esprit ; le temps qu’elle donne au public est pris aux dépens de ses devoirs ; lors même qu’une mère ne s’instruiroit que pour ses enfans, la science la plus utile ne remplacera jamais le mal que leur fait son absence : pendant qu’elle écrit sur l’éducation, elle livre ses enfans à des mains mercenaires, et tandis qu’elle disserte sur l’importance de ses devoirs, c’est un autre qui remplit les siens. Mistriss Clare, qui n’ignore point les jugemens que l’on porte sur elle, et qui tient à se justifier aux yeux de Malvina, lui explique sa conduite, sa position et ses motifs.

« Si je vous entretiens de moi, dit-elle, c’est uniquement pour me justifier d’un tort que vous connoissez déjà, et que les circonstances qui m’y ont entraînée excuseront peut-être à vos yeux.

» Vous voyez que dans cette retraite je dois avoir beaucoup de loisir. Sans enfans, sans liens, ne paroissant tenir dans le monde qu’à mon père, peu de devoirs m’assujettissent ; dégoûtée