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rière, elle ne devoit plus s’arrêter, aussi dans la Préface de Claire d’Albe, annonce-t-elle un nouvel ouvrage dent elle médite déjà le plan.

Mais avant d’examiner les productions littéraires de madame Cottin, les idées se portent naturellement sur cette question si souvent débattue : est-il convenable qu’une femme se livre au jugement du public en faisant imprimer ses ouvrages ? On a beaucoup écrit pour et contre, en vers et en prose ; et suivant l’usage, chacun est resté dans son opinion. Plusieurs femmes ont continué d’écrire, et le public qui, lorsqu’il lit un livre nouveau, ne cherche que son amusement, sans trop s’embarrasser du sexe de l’auteur, a traité les femmes à peu près comme il traite les hommes : il a sifflé ce qui étoit mauvais et applaudi ce qui étoit bon. Je n’ai pas l’intention de reproduire ici cette inutile discussion, mais je pense que le lecteur doit être curieux de connoître l’opinion de madame Cottin dans une question qui ne pouvoit manquer de l’intéresser essentiellement.

Dès sa première jeunesse, il paroît qu’elle sentoit ce qu’il y avoit d’étrange dans la position d’une femme auteur : excitée d’un côté par le sentiment intérieur et irrésistible qui force le talent à se produire, elle étoit en même temps retenue par sa modestie, et par son aversion pour tout ce qui pouvoit attirer l’attention sur elle. On voit dans la Préface de Claire d’Albe, combien elle a