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époux qu’elle chérissoit, cette perte étoit d’autant plus cruelle, qu’à cette désastreuse époque (c’étoit en 1793) les malheurs publics faisoient plus vivement sentir le besoin des affections de famille, qui seules pouvoient offrir quelques consolations. La mort de son mari l’avoit plongée dans une affliction profonde ; les crimes de la révolution augmentoient son éloignement pour le monde qu’elle n’avoit jamais aimé ; son caractère naturellement triste prit alors une teinte plus mélancolique ; et à peine âgée de vingt ans elle ne chercha plus, au sein de la retraite qu’elle s’étoit choisie, d’autres distractions à ses chagrins que dans l’étude et dans l’amitié. Des circonstances, dont il est inutile de donner le détail, venoient de détruire presque entièrement sa fortune ; elle supporta ce nouveau malheur avec courage, on pourroit même dire avec indifférence ; un revenu modique sufiisoit à ses goûts ; et si elle regretta ses richesses, ce fut moins pour elle que pour les infortunes dont elle ne pouvoit plus être l’appui.

Madame Cottin étoit loin de penser, lorsque dans sa solitude elle jetoit alors sur le papier quelques idées éparses, ou lorsqu’elle s’essayoit sur divers sujets en vers ou en prose, que jamais elle dû rien livrer au public. Ses amis, sa famille même n’étoient point dans la confidence de ses travaux ; non-seulement elle les enveloppoit