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si séduisans. On la maria, en 1790, à M. Cottin, riche banquier de Paris, et elle fut obligée de quitter la solitude, qui faisoit son bonheur, pour venir habiter l’un des plus beaux hôtels de la capitale ; elle ne fut point séduite par le tourbillon du monde, au milieu duquel elle se trouvoit tout-à-coup jetée, et qui d’ordinaire a tant d’attraits pour une femme de dix-sept ans : elle vit la société sans en être éblouie, et sans y chercher les succès que son esprit pouvoit lui procurer ; elle conserva ses goûts simples et modestes : malgré sa jeunesse, elle apprécia bientôt à sa juste valeur cette agitation que l’on nomme plaisir, et qui n’est trop souvent qu’une fatigue insipide ; et elle sut trouver en elle-même des jouissances plus vraies et plus solides. Une fortune considérable lui permettoit de satisfaire son penchant à la bienfaisance, et les secours qu’elle prodiguoit aux malheureux, lui faisoient oublier la contrainte à laquelle elle se voyoit condamnée. Son temps étoit partagé entre l’étude et les devoirs de la société, qu’elle ne se dispensoit jamais de remplir, parce qu’elle savoit sacrifier ses goûts à ses devoirs.

Telle étoit la position de madame Cottin, qui, au milieu du fracas dont elle étoit entourée, s’étoit créé des plaisirs qu’elle devoit croire à l’abri des coups du sort, lorsqu’un événement fatal vint détruire son bonheur ; la mort lui enleva un