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Préface.

Cette première imitation a été signalée par Gaillard comme un emprunt fait par le roman à l’histoire ; car il admettait « le fait rapporté et prouvé dans les Monuments de la monarchie françoise de Dom Montfaucon. » Après l’avoir rappelé, il ajoute : « Dans le roman, c’est un singe au lieu d’un chien qui combat et qui est vainqueur, ce qui est encore moins naturel. Il est vrai que l’auteur du roman donne à ce singe une intelligence qui n’est guère que le partage des hommes, et surtout un attachement pour ses maîtres qui est bien plus le partage des chiens. Une autre circonstance particulière au roman, et qui n’est pas heureuse, c’est que le singe ne combat que contre un champion, au lieu que le chien avait combattu contre l’assassin même. La plupart des autres circonstances concernant le choix des armes et les précautions prises pour que ni l’homme ni l’animal n’eussent l’un sur l’autre, autant qu’il se pourroit, aucun avantage, sont à peu près les mêmes dans l’histoire et dans le roman ; et le romancier assure que de son temps l’histoire de ce combat était représentée sur les murs de la grande salle du palais à Paris, comme celle du combat du chien l’est au château de Montargis. C’est ce qu’il est impossible de vérifier aujourd’hui quant au combat du singe, la grande salle dont il s’agit, et qui était ornée de peintures et de sculptures, ayant perdu tous ces ornements dans l’incendie du Palais du 7 mars 1618[1]. »

  1. Histoire de Charlemagne, in-8o, Paris, 1782, t. III, p. 488-490. Voyez aussi The History of fiction, by John Dun-