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Préface.

voir le genre de mort du traître Macaire. Mais messire Guillaume Ribier est mieux informé ; il sait de science certaine que Machant (c’est ainsi qu’il l’appelle) fut pendu et étranglé au gibet de Montfaucon[1].

À soixante ans de là, voici le P. Vanière qui exerce sa muse latine sur le même sujet, et lui fait chanter les louanges du molosse vengeur, thème innocent dont il n’abuse pas, du reste, puisqu’il n’y consacre que treize vers[2]. Dans cette galerie de crédules narrateurs et d’admirateurs si bénévoles, qui s’attendrait à voir figurer l’un des plus savants, l’un des plus célèbres bénédictins de Saint-Maur, Dom Bernard de Montfaucon ? C’est pourtant lui qui y tient la plus grande place. Dans le tome III des Monuments de la monarchie françoise, qui parut en 1731, se trouve une planche ainsi intitulée : Le Combat d’un chien contre un gentilhomme qui avoit tué son

  1. Voyez le récit de Ribier, Appendice, IX, p. 328-330.
  2. Nec minus ultorem Galli stupuere molossum.
    Æternum facti monimentum curia pictis
    Servat adhuc muris. Nudos in imagine dentes
    Exerit, et lacero victor canis insidet hosti.
    Illius ante oculos dominus clam vulnere cæco
    Conciderat, multo fundens cum sanguine vitam ;
    Visus deinde cani media sicarius aula
    Vindictam stimulat, memores que resuscitat iras.
    Ergo virum sine more feris latratibus urgens,
    Judicium ostendit sceleri, pœnam que reposcens
    Irruit ; et quanquam sicarius iret in armis,
    Sola que protegeret pietas spectanda molossum,
    Hostica vindicibus dens morsibus ilia rupit.

    (Prædium rusticum, 1. IV.)