Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/509

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
317
Appendice.

vrier sur la fosse son maistre Aubery. Or vint que pour ce que l’en n’oyoit point de nouvelles de Auberi ne de la royne, et c’on véoit le levrier venir souvant à court, aucuns des amis Auberi, qui estoit moult nobles homs, firent suivre le levrier, lequel les mena jusques sus la fosse où estoit Aubery, lequel fut congneu après ce qu’il fut desterré.

Ceulx qui trouverent Aubery par le levrier vindrent le dire au roy, et luy compterent comment il couroit sus à Maquaire. Le roy enquist deligemmant de la chose, et finablement fut dit par le conseil d’aucuns que le traistre combatroit le levrier[1]. Et fut ordonnée place, et n’avoit le levrier pour toutes armeures que une queue ou [tonnel, trouée] par les deux bouts[2] et [le traitre][3] estoit armé. Mais du gré de Nostre Seigneur, qui est le vray juge contre lequel nul ne peult resister par force, le levrier mena le traitre à desconfiture, et tant qu’il confessa sa traïson, et en fist le roy fere justice. L’istoire en est belle à oyr là où elle est au lonc[4] ; sy nous fault l’abreger pour cause de briefté.

(Manuscrit fr. 5003, fol. 96.)

  1. On lit à la marge cette rectification écrite par une main contemporaine :

    La cronique ne dit pas qu’il combatist le levrier. Il fut pris par souspeçon, pour ce que le levrier luy couroit sus, et fu jehainé et confessa la traïson et fut decapité.

  2. Le manuscrit porte une queue ou trouuel par les deux bouts, leçon inintelligible parce qu’elle est fautive et incomplète. Le scribe a réuni en un seul mot : trouuel, la fin du mot tonnel, synonyme de queue, et le commencement du mot trouée, nécessaire pour donner un sens aux mots suivants.
  3. Ms. lermt avec un signe d’abréviation. Faute évidente.
  4. Ms. lent.