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xiv
Préface.

tout de l’union de cette fille avec le fils de notre héroïne, lequel n’est encore qu’un enfant dans le récit qu’on lira ci-après, tandis que dans celui dont Alberic nous a transmis le sommaire, il est non-seulement mariable et marié, mais aussi en état de faire la guerre et d’assiéger son père Charlemagne. Voilà des différences dont le nombre, l’importance, et surtout la nature, indiqueraient assez l’existence de deux versions, si l’on ne pouvait l’établir autrement. Mais il est possible de la démontrer encore mieux, ou plutôt de la montrer. Il nous reste, en effet, de la version développée à laquelle se réfère le passage d’Alberic, des fragments qui, par un curieux hasard, mettent en scène et l’ermite dont il vient d’être question et le fameux larron Grimoard, en même temps que plusieurs des personnages de la version primitive.

Ces fragments, qui forment en tout 126 vers, se lisent sur quelques morceaux de parchemin détachés de la couverture d’un Jean de Lyra, relié au XVe siècle. C’est ce que nous apprend M. le baron de Reiffenberg, à qui ils avaient été communiqués par M. Bormans, alors professeur extraordinaire à l’université de Gand. Le savant éditeur de Philippe Mouskes les a publiés dans son introduction[1], mais sans savoir à quel poëme ils appartenaient. L’attribution en a été faite par l’illustre secrétaire de l’Académie impériale de Vienne, M. Ferdinand Wolf, non-seulement d’après le passage d’Alberic de Trois-Fon-

  1. Philippe Mouskes, t. I, p. 610 et suiv. — Je reproduis ces fragments en appendice, p. 307 et suiv. du présent volume.