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Sommaire.

de sa fille. — Envoyez-lui donc dit le Danois, un habile messager, qui sache bien parler et qui réussisse à l’attendrir. — J’y songeais, reprend le roi ; mais qui charger de ce message? — Qui ? répond Ogier : le duc Naimes, et moi avec lui. — Volontiers, dit Charlemagne. Je n’en saurais choisir deux meilleurs. » P. 267-273.

Le duc Naimes et le Danois partent donc de compagnie pour se rendre au camp de l’empereur de Constantinople. C’est Varocher qu’il rencontrent tout d’abord, comme il était convenu entre lui et Ogier. Le duc Naimes et le Danois le prennent chacun par la main et tous trois se présentent ainsi devant l’empereur, qui se lève pour les recevoir. Il fait asseoir Naimes à sa droite, Ogier à sa gauche. Varocher reste debout devant eux. Les deux messagers attirent les regards, et chacun admire leur bonne mine. C’est le duc Naimes qui prend la parole : « Juste empereur, dit-il, daignez m’écouter. Je ne vous dirai rien que de vrai. En ce monde, ce qui est fait est fait et ne saurait être effacé ni anéanti. Je ne puis donc que vous prier, au nom du Tout-Puissant, d’accorder un généreux pardon à Charlemagne votre allié, qui se mettra à vos ordres, lui et tous les siens. — Lorsque je mariai ma fille à votre seigneur, répond l’empereur, je n’avais ni parent ni ami qui me fût plus cher que lui. C’est Charles qui en a mal usé envers moi, envers ma fille ; c’est lui qui nous a outragés tous deux en la condamnant à être brûlée vive. Une accusation honteuse a pesé injustement sur elle ; mais je ne puis me défendre de vous tirer d’une erreur où vous êtes. Grâce à Dieu, ma fille n’est pas morte. Elle est en