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Sommaire.

vous bénisse ! dit l’empereur. S’il m’accorde de revenir à Constantinople, je vous donnerai de l’or et une bonne terre avec château et donjon, de façon à vous rendre riche pour le reste de vos jours. — J’accepterai, répond Varocher, à la charge de l’hommage, comme de droit. » L’empereur lui donne sa bénédiction, et Varocher, plus fier que lion ou léopard, enfonce les éperons dans les flancs de son cheval. Il arrive bientôt à la tente de Charlemagne et s’écrie à haute voix : « Roi de France et de Laon, où est votre champion ? Est-il prêt à combattre, oui ou non ? » Charles et le duc Naimes l’entendent : « Voyez, disent-ils, ce mauvais garçon n’a-t-il pas le diable au corps ? » — Ogier aussi l’a entendu, à sa grande confusion. Il court à sa tente, s’arme en toute hâte, monte à cheval et sans mot dire s’élance à la rencontre de Varocher. « Voyez, dit Charlemagne au duc Naimes, avec quelle ardeur le Danois court à la bataille ! — Plaise à Dieu, ajoute le duc, qu’il en revienne vainqueur, et qu’il puisse rétablir la paix entre des parents désunis. » P. 251-257.

Ogier est en face de Varocher : « Sire chevalier, lui dit-il, je ne m’attendais pas à être devancé. Voulez-vous faire l’épreuve de votre valeur ou l’aveu de votre défaite ? — Avez-vous perdu le sens? lui répond Varocher. Pensez-vous donc que je sois venu ici pour chanter des chansons, pour me divertir, et non pour mettre l’épée au vent ? Allons, si vous êtes digne de votre renom, vous ne reculerez pas devant moi. — C’est entendu, » dit le Danois. À ces mots, ils se donnent du champ, puis s’élancent l’un contre l’autre en brandissant leurs lances. Ils s’entre-choquent si ru-