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Sommaire.

fois. » À ces mots, Macaire, devant toute l’assemblée, le jette dans le feu en lui disant : « Va, traître ! Tu as déshonoré le roi ; tu ne pourras pas t’en vanter ! » Mais ce qu’il en fait, c’est à dessein que le nain ne puisse jamais rien révéler. Et maintenant il brûle, le méchant nain. Et la reine demeure là devant, et pleure, et se lamente, et se tord les poings, et prie Dieu de recevoir son âme à merci. P. 45-49.

« Noble roi, dit-elle, faites-moi venir, pour Dieu, un sage confesseur qui puisse m’absoudre de mes péchés. » Le roi y consent, et fait mander l’abbé de Saint-Denis. La reine s’agenouille devant lui et lui confesse tous ses péchés, sans en oublier un seul. Elle lui déclare ensuite qu’elle est enceinte du fait de Charlemagne. L’abbé, homme, sage et d’une grande doctrine, l’interroge sur le crime dont elle est accusée. Elle lui raconte comment Macaire l’a poursuivie et lui-même et par l’entremise du nain, qu’il aura fait servir encore à ses mauvais desseins le jour où Charlemagne l’a trouvé dans sa couche : « Sire abbé, ajoute-t-elle, je vous prie de m’absoudre de tous mes péchés, hormis celui-là, que je n’ai jamais commis. » L’abbé l’entend, la regarde et juge bien, à son langage, à sa contenance en face de la mort, qu’elle lui dit la vérité. Il la réconforte, la bénit, et va trouver le roi. P. 49-55.

L’abbé fait venir avec lui et réunit en conseil quelques-uns des barons qui sont le plus chers à Charlemagne : le duc Naimes, le Danois et plusieurs autres, tous des meilleurs et des mieux apparentés ; mais pas un seul de la race de Mayence. « Seigneurs, leur dit-il, aux approches de la mort on ne cache plus