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fils. Elle prit le bras de l’enfant et, à l’aide d’une aiguille, elle traça sur ce bras des lettres formant le nom de San-Syeng. Puis elle repassa ces lettres avec de l’encre de Chine. Enfin, détachant la bague qu’elle portait au doigt, elle la glissa dans les langes qui emmaillottaient l’enfant. Cela fait, elle se mit en route avec la sœur. Elles devaient d’abord aller jusqu’à la ville voisine déposer l’enfant au coin d’une rue, puis revenir au temple.

Bientôt Tjeng-Si aperçut les premières maisons de la ville où elle devait se séparer de son fils. Ainsi, cet enfant dont elle et son mari avaient depuis si longtemps souhaité la naissance, il lui fallait l’abandonner, comme si elle eût été une mère dénaturée ! En quelques jours elle avait épuisé la coupe des malheurs. Son mari assassiné sous ses yeux ; son fils laissé au coin d’une rue. Tous ces sentiments agitaient convulsivement le cœur de la pauvre mère. Plus morte que vive, elle déposa à terre son enfant après l’avoir embrassé une dernière fois. Faisant un dernier appel à son courage, elle s’éloigna en versant des