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— Hélas ! si j’habite ici depuis dix ans, c’est bien contre mon gré. Je suis comme vous une victime de Sù-Roung, qui a assassiné mon mari. J’attends l’heure de la vengeance, mais elle est bien lente à venir ! Ce monstre restera-t-il donc toujours impuni ?

Attendrie par ce récit, Tseng-Si, oubliant son propre malheur, versa des larmes de compassion.

C’est à ce moment même que Sù-Yeng, entrant dans la chambre où se trouvaient les deux femmes, leur dit d’une voie émue :

— Ne vous désespérez pas trop. Vous serez peut-être bientôt délivrées. Quelqu’un veille sur vous. C’est moi, qui ai horreur des crimes de mon frère. Ecoutez-moi. Si vous voulez vous enfuir, rien ne vous est plus facile en ce moment.

— Est-ce possible ? Mais votre frère.

— Ne craignez rien. Il est incapable pour le moment de se mettre à votre poursuite, car il dort, terrassé par l’ivresse. Mais il n’y a pas une minute à perdre. Vous qui connaissez le pays puisque vous l’habitez depuis longtemps, vous montrerez