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tuné, privé de toute ressource. Elle n’avait qu’un moyen pour empêcher Sùn, de mourir de faim, c’était de mendier. Elle accomplissait ce triste devoir sans fausse honte. Cependant son intelligence s’éveillait. Un jour elle dit à son père :

— Il y a quelque chose qui me frappe, et que je ne comprends pas bien.

— Qu’est-ce donc, mon enfant ?

— Eh ! bien, mon père, pourquoi, tandis que les autres vivent au milieu de leurs parents et de leurs amis, sommes nous ainsi réduits à la solitude ?

— Hélas ! ma fille, il est bien vrai que nous sommes abandonnés à nous-mêmes. Il n’en a pas toujours été ainsi. Il fut un temps où j’habitais la capitale avec ta pauvre mère, et où nous étions entourés d’un cercle de parents et d’amis. J’occupais une haute situation. Notre famille appartient à la meilleure noblesse, et a toujours entretenu de très bons rapports avec la cour royale. Mais un jour, à la suite d’une dénonciation calomnieuse, le roi me croyant coupable, m’exila ici. Mon ami