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Il cherche sa fille du regard, et la voit encore suspendue au sein de sa mère. Cette vue redouble la douleur de Sùn. Il prend la pauvre enfant et la confie aux soins d’une nourrice. Puis, à moitié fou, il dut s’occuper de l’ensevelissement de sa femme.

Tout cela s’était passé si vite, que Sùn croyait avoir rêvé. Il lui fallait bien cependant se rendre à la triste évidence. Chaque jour on le voyait se diriger vers l’endroit où reposait sa femme. Ces visites fréquentes entretenaient son chagrin, et sa douleur ne pouvait se calmer.

Notre héros toujours en pleurs, ne pouvant trouver aucun repos, vit bientôt fondre sur lui un nouveau malheur. Pour avoir versé trop de larmes, Sùn devint aveugle.

Ce coup terrible ne le terrassa pas. Il continua à mener la même vie. Son plus grand regret était de ne pouvoir contempler les traits de sa fille. C’est que Tcheng-Y grandissait. Elle venait d’atteindre sa treizième année, et c’était elle qui était obligée de pourvoir à l’entretien de son père infor-