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pas trop t’abandonner à la douleur. Avant tout il faut songer à notre enfant et tu devras lui chercher une nourrice.

D’un suprême effort, la moribonde attire à elle le petit être, et lui donne le sein : « Hélas, dit-elle, avec un profond soupir, c’est la première et la dernière fois que je t’ai ainsi près de moi. »

Cependant Sùn, en proie à la plus profonde douleur disait à son épouse :

— Ma chère femme, est-il vrai que tu veuilles me quitter ? Nous avons toujours protégé les malheureux, et les dieux nous laissent accabler par la mauvaise fortune. C’est vraiment trop d’injustice.

Sa femme n’entendit pas ces derniers mots. Déjà la mort avait posé sa main sur elle. Sùn s’en aperçut, mais n’en voulut pas d’abord croire ses yeux. Il appelle son épouse avec des pleurs dans la voix, mais hélas ! ses paroles restent sans réponse.

— Me voilà donc seul, s’écrie-t-il, au comble du désespoir. Que deviendrai-je, avec cette enfant ?