Page:Anonyme - Le Bois sec refleuri, 1895.pdf/54

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Il y a très-longtemps que vous ne m’avez pas fait le plaisir de venir me voir.

— Sire, répondit Sùn, je ne quitte que rarement ma maison.

— Et qu’est-ce qui vous retient ainsi chez vous ?

— Mes occupations, Sire, ou la maladie. Si je suis venu vous trouver aujourd’hui, c’est que j’avais une communication très-importante à vous faire. Plusieurs de vos sujets viennent de mourir de faim sur la voie publique. La chose me parut d’abord incroyable. Je ne pouvais supposer que si mon roi connaissait la triste situation de ses sujets, il se livrerait aux plaisirs comme vous le faites, Sire. Pourtant, j’ai dû me rendre à l’évidence. Il y a quelques minutes à peine, j’ai vu de mes propres yeux, trois malheureux morts d’inanition.

Ces paroles impressionnèrent profondément le roi, qui, d’une voix émue demanda à Sùn :

— Que faut-il faire, selon vous ? Je ne puis croire que ce malheur provienne de ce que je mène une existence de fête et de plaisirs.