La nuit se passa sans que San-Syeng eût pu se faire reconnaître par les deux femmes. Au matin, on entendit tout à coup le hennissement d’un cheval. Aussitôt Tjyang-So-Tyjei, s’approchant de l’ouverture qui laissait pénétrer la lumière dans la prison, s’écria :
— Venez donc voir ma mère ! Le cheval qui vient de hennir est celui-là même que j’ai donné à mon mari, ou en tout cas lui ressemble d’une façon frappante.
Tcheng-Si, répondit en gémissant :
— Hélas, qui sait où est mon pauvre fils.
Alors San-Syeng s’approchant de celle qui était sa mère lui demanda la cause de son chagrin. Tcheng-Si lui raconta ses tristes aventures, depuis son départ pour l’exil avec San-Houni jusqu’à son arrestation et à sa condamnation par le mandarin de Sang-Tjyou.
A son tour, le jeune homme fit le récit de ses malheurs. « Je porte gravé sur mon bras le nom de San-Syeng, dit-il en terminant, mais j’ignore qui m’a fait cette empreinte ineffaçable. »