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se disait que pour voir ainsi partout l’amour dans la nature, son âme ne devait pas être insensible à ce doux sentiment. Peut-être était-elle aimée de son compagnon.

Elle lui dit : Chassez votre chagrin. Vous ne serez pas toujours malheureux. Le printemps succède à l’hiver, les rires aux larmes. Parfois la lune brille, la lune qui aime le soleil et qui dans la nuit le suit. La pluie s’annonce ; déjà la terre est humide.

Le soleil tombait à l’horizon dans une brume d’or. Partout s’annonçait l’heure du repos. Les oiseaux s’envolaient vers leurs nids, frôlant les branches de leur aile. Un grand silence s’étendait sur la nature entière. Alors le jeune prince, dit, en prenant la main étroite et fine de Tcheng-Y :

— Je vous aime.

— Je vous aime, répondit la jeune fille.

Après ce doux aveu, ils restèrent encore longtemps côte à côte, sans prononcer une parole. Tous deux s’abîmaient dans une profonde rêverie, songeant à leur amour réciproque.