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la gloire, que sais-je ! A quoi bon, puisque la mort qui nous réunit tous en son grand linceul pâle doit nous égaliser. L’amitié et l’amour devraient seuls nous lier les uns aux autres.

Il se tut, et promena ses yeux tristes tout à l’entour de lui. Le contraste entre ses propres sentiments et l’aspect de la nature était frappant. La tristesse la plus profonde emplissait son cœur. Tout, au contraire, dans la nature semblait respirer le bonheur. Partout des fleurs épanouies, des oiseaux et des insectes s’ébattant amoureusement.

Le jeune roi, sa tête effleurant presque la coquille de nacre ambrée qui était l’oreille de la jeune fille poursuivit :

— Vous voyez ce papillon, là-bas ! Il butine une petite fleur blanche. Ne dirait-on pas qu’il s’enivre de son parfum, et ne croirait-on pas voir un baiser effleurant deux lèvres roses ? Ah ! les animaux sont bien plus heureux que nous.

Tcheng-Y était pensive. Elle songeait aux malheurs qui avaient amené le jeune prince à faire si peu de cas de la vie. Mais en même temps, elle